Les nageurs tricolores sont entrés dans la fourchette haute des objectifs fixés par Sami El Gueddari, le directeur sportif de la discipline pour la F.F.H., et son staff. Avec neuf médailles (3 argents, 6 bronzes) et surtout une pléiade de nouveaux records de France et personnels, les Bleus ont réalisés des performances intéressantes à moins d’un an des Jeux paralympiques de Tokyo (25 août – 6 septembre 2020)
Il flotte au-dessus de ce bassin aquatique de Londres 2012 un doux parfum d’ivresse. Celle qui accompagne les performances. Les Jeux paralympiques de 2012, avec le savoir-faire en matière d’organisation des Anglais, ont laissé un souvenir impérissable dans les têtes de ceux qui ont eu la chance de les vivre. Sami El Gueddari, aujourd’hui directeur sportif de la natation française handisport, en fait partie. Alors, au regard des circuits de coupe du monde de la saison, de son vécu dans la capitale anglaise et du contexte qu’il sait toujours particulier à un an des Jeux paralympiques, il sentait venir des championnats du monde prometteurs. « Ils ont tenu toutes leurs promesses, se réjouit-il. On sentait qu’il allait y avoir ce petit grain de folie en plus. Le report a aussi permis à chacun de se préparer plus longtemps. On a eu le grand spectacle attendu, tant sur la scène internationale que sur la scène française. C’est une vraie satisfaction. On fait ce métier pour vivre ces moments de sport avec de la concurrence, de l’adversité, des finales relevées et de l’incertitude. C’est stimulant et motivant. Et ça ne fera que s’accentuer d’année en année. »
Krantz : « Une équipe formidable »
Dans ce concert de performances, marqué par 36 nouveaux records du monde, la jeune garde française a été « formidable, s’enthousiasme Norbert Krantz, le directeur des sports d’été à la FFH. Cette jeune génération a été capable de soutenir la pression et d’être présente au jour J. Chaque nageur a quasiment toujours amélioré ses records personnels. Ils ont su répondre présent. »
Avec neuf médailles dont trois d’argent – synonymes de quotas non-nominatifs pour les Jeux paralympiques de Tokyo – les Français ont atteint l’objectif le plus haut fixé par le staff. « Au-delà des médailles très positives, je retiens le niveau de performances de nos sportifs, développe Pierrick Giraudeau, directeur de la performance pour la FFH. Il nous permet de nous projeter avec ambition sur Tokyo. On va maintenant réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour grappiller des places mais surtout des centièmes et des secondes. »
Plus que les médailles, ce sont les records personnels qu’il faut avoir pour objectif d’aller chercher. « Les médailles passeront de toute façon par l’amélioration de leurs records personnels », martèle Sami El Gueddari.
Des entraîneurs perso et nationaux exemplaires
L’équipe de France a donc posé des jalons intéressants dans l’optique des Jeux japonais. Et elle le doit à la parfaite synchronisation qui existe entre les entraîneurs personnels et le staff national. « Je salue et remercie les entraîneurs personnels : Maxime Baudry, Marc Supiot (Angers), Régis Gautier (Antibes), Samuel Chaillou (Cugnaux), Guillaume Benoist (Saint-Germain-en-Laye), Justin Zook des États-Unis, Julien Poirier (Grenoble), Fabien Maltrait (Vichy), Joris Rossignol (Rennes), Tugdual Gueguin (Guyenne Handinage), pour tout ce qu’ils ont fait dans l’année, énumère Sami El Gueddari. Le staff national n’est que le porte-voix et le relais de ce qui se fait au quotidien. Les résultats sont principalement dus à ce que ces coaches mettent en place avec leurs nageurs toute la saison. Ils les accompagnent d’une très belle manière et sont très présents auprès d’eux. Il faut que ça continue comme ça… »
Un suivi complété, en totale collaboration avec les référents de chaque nageur, par les entraîneurs nationaux qui ont réalisé un travail énorme pour permettre à tous de vivre un stage estival, de cinq semaines, indispensable et fructueux. « Ces résultats, très cohérents à un an des Jeux, valident la préparation terminale et le travail commun des entraîneurs personnels et fédéraux. Ces derniers ont aussi, sous la houlette de Guillaume Domingo, su créer un lien permanent et encadrer tout l’été les sportifs. »
Les membres du staff bleu qui ont passé sept des huit dernières semaines à l’extérieur de chez eux peuvent aussi voir en ce bilan intéressant une récompense à leur dévouement et leur implication.
Mais la page des championnats du monde, prometteurs, au regard de la jeunesse de l’effectif, doit assez vite être tournée. Il faut désormais se projeter sur 2020 et les Jeux. « Il va falloir remettre le bleu de chauffe parce que les autres nations, à l’image de l’Italie très performante à Londres, ne vont pas nous attendre », prévient Pierrick Giraudeau, en écho au discours du directeur sportif.
Voir plus haut en 2020
Quelques médailles ont échappé au clan tricolore. « Ça ne veut pas dire que c’était une contre-performance. Je pense notamment au 400 M NL de Claire qui a fait une course stratosphérique. Mais elles ont été quatre à faire une course comme ça, détaille le référent de la natation handisport française. Elle termine donc 4e mais elle est à deux doigts de la 1re place. Ça ouvre de belles perspectives. A l’inverse, Anaëlle n’arrive pas à gérer son 100 m dos en finale et rate un podium, pourtant à sa portée. » Ces exemples incitent forcément les dirigeants de l’équipe de France à rêver plus grand. « Ils ont rempli les objectifs 2019. Maintenant on va fixer des objectifs plus relevés en 2020. Il ne faut pas s’endormir parce que la concurrence va rester sur cette lancée. Même si notre équipe est un peu plus jeune que les autres, l’adversité n’est pas vieille. Les nageurs étrangers vont continuer à être sur le circuit et continuer à performer pendant un moment encore. »
L’avenir, pour qu’il soit doré, passe donc par une abnégation accrue. Une intensité et une intention toujours plus poussée sur chaque séance, sur chaque détails. Chaque seconde, chaque mètre aura son importance, au quotidien. Un axe pour aller chercher l’or qui a peut-être un peu fait défaut et qui explique la 25e place de la France au classement des nations, 16e nombre de médailles.
C’est surtout la clé pour vivre des émotions aussi belles que lors de cette semaine londonienne à l’avenir. « Ces performances, comme l’a dit Ugo Didier qui a signé un 400 m NL en 4’17’’ alors que son record perso culminait à 4’26’’, ont été euphorisantes. » Et la récurrence de ces nouveaux chronos a suscité une émulation très positive au sein de cette équipe. « Il n’y avait pas un capitaine qui se dégageait, résume Sami El Gueddari. Tous étaient au service de l’équipe et donnaient le plus pour l’équipe. C’est l’équipe qui leur permet de se transcender et ils se transcendent aussi pour l’équipe. Cette idée nous plaît et on veut la cultiver. » Sans oublier de continuer à grossir les rangs. « On espère que d’autres entraîneurs personnels vont être tentés par l’idée de s’impliquer auprès des sportifs de leur club pour que des nouvelles et des nouveaux s’agrègent au collectif existant. »
Récapitulatif des 9 médailles françaises à Londres (3 argent, 6 bronze).
Laurent Chardard (S6) : argent sur 50 m papillon et bronze sur 50 m NL.
Ugo Didier (S9) : argent sur 100 m dos et bronze sur 400 m NL.
Alex Portal (13) : argent sur 200 m 4 nages et bronze sur 400 m.
Claire Supiot (S8) : bronze sur 100 m NL, et sur 50 m NL.
Théo Curin (S4) : bronze sur 200 m NL.